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Réponse à Déjanire-Médée

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Chère Mademoiselle,

J’étais bien content quand le 22 décembre, vous m’avez reparlé des exuvies. Bien content et un peu inquiet. J’ai peur d’avoir fait un peu le malin quand je vous ai annoncé trois pages sur ce sujet. Voyez vous, ces exuvies constituent un point commun, un lieu où nous pouvons nous rencontrer pour converser et ça, ma chère Demoiselle, n’a pas de prix à mes yeux d’où un excès d’enthousiasme de ma part. Mais trois pages, j’y suis sans doute allé un peu fort.

Bon, quand on se vante il faut au moins essayer de se justifier. Ce qui me plait dans les exuvies, enfin celles des insectes, c’est qu’elles sont la trace d’un état antérieur et celle d’une accession au stade d’imago (non non pas celui de la psychanalyse !), ce que moins scientifiquement on appelait « l’insecte parfait ». Cette perfection qui ne doit rien à la morale c’est celle enfin atteinte de la forme. Elle a enchanté mon adolescence. C’est vrai que fort tôt Mireille m’avait donné le goût de l’entomologie aussi bien que d’elle-même. Les exuvies des reptiles me plaisent beaucoup moins, elles ne sont après tout que des « vieilles peaux ».

J’aurais pu en rester là et considérer la nymphe comme l’étape de transformation avant l’envol seulement voilà il me prit goût vers ma dix-huitième année de regarder du côté de l’art et le temps passa sans rien diminuer de ma passion première. Il passa même beaucoup et dans les années 90, je me mis, excusez mon audace, à regarder les culottes des filles comme étant des exuvies dont l’abandon conduit parfois à l’embellie. Hou, elle ne plaisait guère mon interprétation, elle avait mauvais genre, même si j’allais jusqu’à présenter ce petit linge dans des boîtes à insectes type muséum et à y fixer ces charmantes exuvies avec des épingles entomologiques, vous savez les belles noires à têtes dorées, dont seuls les Autrichiens sont capables d’en assurer une parfaite fabrication. Quelques Demoiselles et Dames m’accordèrent des sourires, elles allèrent parfois jusqu’à m’offrir ces dissimulations de l’origine. Je n’en ai pas de grandes collections, cinq ou six peut-être qui sont dans le tiroir de mon bureau.

Je ne vais pas arriver aux trois pages annoncées. Il faut pourtant que je vous raconte ce qui m’est arrivé en Colombie avec Paula. Elle ramassait pendant nos promenades des exuvies de cigales et je me demandais bien ce qu’elle pouvait envisager de faire avec ces petits fantômes vides après le départ de ces infatigables chanteuses. Un jour elle nous a conviés à une très intime manifestation où se mêlaient miel et exuvies (voir notula 29). Paula n’a jamais fourni d’explication concernant ce qu’elle nous a offert et ce n’était de toute évidence pas nécessaire tant notre émotion fut profonde. Durant le même temps, celui de mon séjour à Cali, Connie, sans réclamer la présence d’un public ami, me fit assister à ce que encore aujourd’hui je ne peux m’empêcher de rapprocher de ma façon de considérer le petit linge en certaines occasions (voir supra).

En me relisant, je crains de ne pas avoir répondu à l’attente qu’avait fait naître ma promesse inconsidérée. Puis-je espérer que Déjanire-Médée ne m’en tiendront pas rigueur ?

Consulter http://beatricerilos.wordpress.com

 

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